« Il y a 68 symptômes répertoriés dans la maladie de Parkinson… Heureusement, je ne les ai pas tous.»
Christian Prévost, ancien préparateur en pharmacie au Clos-des-Roses et au Meux, est atteint de la maladie de Parkinson. Agé de 67 ans, le Compiégnois évoque les conséquences de la maladie, omniprésente dans sa vie.
« Pertes d’équilibre dus à l’hypotension et au vertige et risque d’évanouissement et de chute grave, mais aussi des problèmes pour déglutir et risque de fausse route…» énumère-t-il. Sa femme Liliane ajoute, parmi d’autres, les endormissements soudains. « Ça peut être dangereux quand il tient sa fourchette, il peut se la planter dans l’œil… dit-elle. Il faut qu’il mange avec une position bien droite, sans être distrait par la télé…»
Le couple ne pense pas immédiatement aux tremblements si caractéristiques de parkinson, même si Christian Prévost en souffre.
« Parfois, en marchant, ma jambe se bloque. »
« Il faut toujours penser au geste qu’on fait, reprend-il. Par exemple, pour traverser la route, je regarde à gauche et droite, mais je vérifie que mes jambes démarrent. Parfois, l’une de mes jambes se bloque, comme si la semelle était aimantée. »
Originaire de Grandvilliers et domicilié à Compiègne depuis 1977, Christian Prévost éprouve de plus en plus de difficultés pour se promener seul en ville. « Une fois devant l’hôtel de ville, je suis tombé tout droit, sans aucun réflexe pour me rattraper. Une autre fois, mes lunettes m’ont blessé le visage. »
Des médicaments toutes les trois heures pour rester debout
Chez lui, en milieu de matinée, il se déplace avec une canne. Il reste volontairement debout, « sinon, mes jambes s’ankylosent ». Christian Prévost se lève ou plutôt se réveille, chaque matin dès 6h. Il ingère les premiers médicaments qui vont lui permettre, une heure plus tard de se déplacer. « Si je ne les prends pas, je mets quinze minutes pour faire dix mètres », dit-il.
Trois heures après, il lui faut reprendre une autre poignée de médicaments. Et ainsi de suite toutes les trois heures. Jusqu’à 23h. Soit dix-sept comprimés en tout. « Les médicaments, ce n’est pas le plus perturbant quand on a travaillé en pharmacie » note son épouse.
Christian a quarante-cinq années d’officine derrière lui. « Au clos-des-Roses, j’ai subi des attaques à main armée, se souvient-il. Un gars m’avait mis son couteau sous la gorge. J’avais baissé son masque et il est parti, de peur d’être reconnu. Un autre avait fait le pari de piquer la caisse. Je m’étais battu. »
« A 58 ans, mes collègues trouvaient que j’avais ralenti »
« Au début, on ne s’est pas rendu compte », dit son épouse, également ancienne préparatrice en pharmacie. « J’avais 58 ans, se souvient son mari. Mes collègues ont remarqué que j’avais ralenti. Par exemple, pour composer un numéro au téléphone. » Et aussi, il avait des difficultés pour conduire : « Je donnais des coups de volant involontaires, parce que je ne tenais plus mon bras », explique-t-il. Aujourd’hui, il n’a l’autorisation de conduire que dans un rayon de dix kilomètres autour de Compiègne, «et pas de nuit ». Il n’en abuse pas.
Christian Prévost s’est mis à la photo. Il adhère au Photo vidéo-club de Compiègne depuis douze ans. « Ça me libère l’esprit…» dit-il en montrant un de ses montages, représentant le Mythe de Sisyphe. C’est un peu comme ça qu’il voit sa vie : un éternel combat.
« On essaie d’avoir la vie la plus normale possible », confie Lyliane. Ensemble, ils ont eu deux filles et deux petits-enfants. « Le problème, c’est pour les aidants, admet son mari. Ma femme a une surcharge de travail. »
« C’est normal d’aider », répond celle-ci.
La « lune de miel » de Parkinson
Le diagnostic du neurologue n’a duré que dix minutes. «En quelques mouvements, il a compris», décrit-il. Christian Prévost s’est inscrit chez France Parkinson. «Il apportent des conseils, de la psychologie, orientent vers des kinés ou des spécialistes…», énumère Lyliane.
Le matin, Christian Prévost file chez le kinésithérapeute. « Je devrais aussi m’astreindre à trente minutes de vélo par jour, mais c’est difficile… J’ai fait une fois du vélo, on me l’avait offert pour mon départ en retraite, j’étais tombé, se souvient-il. J’avais mis cette chute sur le compte d’une maladresse. »
« Ça donne de l’espoir», commente Christian Prévost, qui évoque l’inévitable étape du fauteuil roulant. « On n’en est pas encore là, coupe son épouse. Le but est de retarder l’évolution de la maladie. »
Plus jeune, Christian Prévost a pratiqué la course à pied. Des épreuves de 5000m, 10000m et même le marathon. Il adhérait à la Vie au Grand Air (VGA) Compiègne. « Aujourd’hui, j’ai du mal à marcher, constate-t-il. On m’a parlé de la « lune de miel » « , période au cours de laquelle la maladie n’est pas encore présente. Elle dure huit ans en moyenne. Je suis dans la neuvième année. »